You know what's worse than useless?
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Maxwell jetait un œil aux voitures et à leurs conducteurs. Visiblement, ils n’avaient pas le bon goût de préférer les voitures allemandes. Un patriotisme déplacé envers une des marques nationales devait être à l’origine de ce choix douteux, ou peut-être que les marques allemandes ne s’étaient pas encore suffisamment adaptées à la corpulence de ces américains dont aucun arrêt cardiaque ne pouvait heurter leur dévotion sans faille pour l’engloutissement journalier de graisse de vidange. Moqueur, il choisit la deuxième option et un demi-sourire maléfique éclaira son visage. « Cet endroit sent un peu la loose, tu ne trouves pas ? ». Bien évidemment, le chien ne lui répondit pas, trop occupé à marquer son territoire sur tous les arbres qui rencontraient son chemin. Mais ce n’était pas grave, il savait qu’il avait raison. Après tout, qui viendrait se perdre dans le fin fond des USA sans une bonne raison ? La sienne, il ne l’avait pas encore trouvée avec certitude. Le grand air, le besoin d’une pause ou l’envie de voir sa mère biologique passaient pour des excuses potables aux yeux des curieux mais en ce qui le concernait, il avait du mal à assumer qu’une partie de lui fasse un lien entre les difficultés qu’il rencontrait dans son quotidien et l’ambiance surnaturelle de cette ville. Maxwell ne croyait pas aux malédictions qui poussaient les innocents du haut d’une falaise. Il était la malédiction qui poussait les stagiaires incompétents à se balancer au bout d’une corde.
Sa balade l’amena au final vers un coin un peu plus peuplé. La gueule de son fidèle compagnon restait ouverte et sa langue pendait, la pauvre bête avait soif. Lui-même ne dirait pas non à un petit rafraichissement, éventuellement quelque chose à grignoter. Son appartement était déjà fonctionnel mais il devait faire ses courses, en espérant que ces paysans aient une offre correcte en terme d’alimentation. Une façade attira son attention, un bar qu’il avait déjà visité lors d’un précédent voyage. Les boissons étaient correctes même s’il n’avait pas de grands espoirs pour cette ville et ses petits quartiers éparpillés. Il défit le bouton de sa veste avant de s’asseoir à une table en terrasse et son compagnon canin vint s’allonger près de lui. Par réflexe, il sortit son téléphone d’une main et caressa la fourrure de l’animal de l’autre. Il ne décrocha pas son regard de l’écran lorsqu’on lui apporta une carte, occupé à rattraper le retard accumulé dans sa boite mail. Le retard datait d’une heure donc la situation fut rapidement réglé. « Excusez-moi, est-ce que cette chaise est libre ? ». Il releva enfin le nez pour tomber face à face avec un faciès idiot qui avait visiblement besoin d’une chaise en plus pour la table à laquelle ses amis l’attendaient. « Non ». Répondit-il simplement par pur esprit de contradiction. « Oh vous attendez quelqu’un ? ». « Non ». Le ton était amusé et l’expression sur son visage à mi-chemin entre le mépris et l’amusement. Ces deux sentiments étant souvent liés pour lui. « Bah … du coup je peux la prendre ? », continua-t-il, pas certain d’avoir bien compris. Maxwell roula des yeux si fort qu’il aurait pu en tomber à la renverse. Visiblement le quotient intellectuel moyen d’une région était proportionnel à la proportion de voitures allemandes. D’un sifflement accompagné d’un geste de la tête, il incita son chien à grimper sur la chaise et s’y asseoir comme un bon toutou. L’animal tourna également la tête vers l’intru en arborant un air maléfique emprunté à son maitre. La bête était clairement habituée à être une petite chose privilégiée qui s’asseyait à table. « Mon chien ne va quand même pas s’asseoir à terre », ajouta-t-il d’un air faussement choqué par cette idée particulièrement offensante. La bataille de la chaise en trop fut gagnée quand l’ennemi, vaincu, battit en retraite avec un air incrédule pour emmerder une autre table.
Maxwell avait de toute façon l’air du gars qui traitait son chien mieux que ses employés et qu’il ne fallait pas chercher. Ses chaussures parfaitement cirées, sa veste de costume cintrée faite sur mesure et le pelage parfaitement lustré du chien qui donnait l’impression d’être toiletté avec du Channel numéro 5 lui donnaient aux autres l’impression qu’il pouvait racheter le bar s’il en avait envie. Du coup il était là, en tête à tête avec son clébard assis sur une chaise, de l’autre côté de la table. Maxwell consultait la carte et une ombre dessinée par le soleil de fin de journée s’invita dans son monde. Ah, la barmaid.
« Je vais vous prendre un Chianti et une salade César Pour mon chien ça sera une eau minérale dans un bol. Bien fraiche et avec quelques glaçons. S’il-vous-plait. »
Maxwell était assez bien élevé que pour ponctuer ses phrases d’un s’-il-vous-plait lorsqu’il passait commande mais la formule de politesse n’était à aucun moment un gage de bon comportement de sa part.
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Et finalement, le client que tu voulais voir venir arrive, et se montre particulièrement féroce avec un autre qui n'a absolument rien demander. Tu n'aimes pas ça, tu assistes à la scène entière, et déjà tu le vomis par ta bouche, il est exactement le genre de clients que tu détestes, donnant plus d'importance à son animal qu'à une relation humaine. Il a checké son téléphone et il a fait comprendre à l'autre qu'il ne lui céderait pas la chaise convoitée. Il aurait pu faire un effort, mais non, le solitaire avec son chien ne laisse pas un petit bout de terrain et fait même en sorte que son chien puisse avoir la place qui ne lui revient pas. Mais toi, derrière la porte du bar, tu en souris parce que tu viens prendre sa commande. Tu ne devrais même pas à avoir à te déplacer, ici, les commandes se font au comptoir, mais pour lui, tu fais l'effort qu'il ne faudrait pas. Tu veux voir la fausseté du personnage jusqu'au bout, et quand tu montres le bout de ton museau, tu le vois dans son regard, il va te faire son mielleux, et déjà tu as envie de lui verser son Chianti sur la tête et de noyer son chien dans de l'eau pétillante. Tu réfléchis déjà à ce que tu vas lui donner, à lui, et à son chien. Bon, la pauvre bête n'y est pour rien, alors il aura droit à son eau dans un petit bol. Mais pour le bien costumé, tu vas voir ce qu'il en dit de son verre de vin rouge. Tu vas t'amuser à jouer sur les nuances, comme pour lui faire comprendre que la chaise en face de lui est libre en vérité. Son " s'il vous plait " est tellement accentué que tu as juste envie de lui faire avaler sa langue. Ainsi donc, avec son vin, il veut une petite salade caesar. Tu notes ça sur ton carnet et tu ouvres donc une certaine bouteille de vin, et tu passes dans les cuisines pour récupérer un semblant de salade caesar, avant de prendre un bol et d'y verser de l'eau. Et ainsi donc, tu reviens vers lui avec ce qu'il a commandé et tu prends ta pause donnant l'eau à l'homme et le verre de vin au chien, juste pour voir sa réaction alors que tu te poses à ses cotés sur une chaise prise sur une table libre à proximité tous sourires. Le match peut commencer, à voir comment celui-ci va se passer.
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L’attente ne fut pas très longue et une ombre vint de nouveau s’inviter dans son champ de vision. Le plateau contenait tous les éléments commandés mais ils ne furent pas déposés dans le bon ordre. Le pauvre Turing se retrouva avec un verre de vin sous le nez et fut assez surpris que pour fermer sa gueule et dresser ses oreilles sur la tête. L’odeur qui s’en dégageait était familière, Maxwell buvait assez de vin que pour avoir habitué l’odorat de son compagnon de toujours. Lui-même se retrouva face au bol d’eau. Il leva un sourcil en observant la serveuse attraper une chaise et s’asseoir à côté de lui. Le sourire sur son visage et le plissement de ses yeux lui étaient familiers mais, comme à son habitude, Maxwell était bien incapable de mettre un nom sur l’état d’esprit de cette intruse. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il y avait deux options. Soit elle était complètement stupide et il était arrivé dans un de ces endroits qui engageait des personnes avec des chromosomes en trop pour gagner des points sur les réseaux sociaux, soit elle voulait le provoquer. Pour quelle raison ? Il n’en n’avait aucune idée. Peut-être qu’elle se faisait chier pendant son travail. Après tout, vu le coin, elle ne devait pas avoir foule tous les jours. Dans tous les cas, il ne lui avait pas causé de problème. Peut-être l’avait-il insultée lors d’un précédent voyage mais il ne tenait pas vraiment un registre de toutes ses joutes verbales. Bon, quoi qu’il en soit, il devait répondre à cette invitation tacite. Puisqu’il ne savait pas trancher entre les deux hypothèses, autant adresser les deux dans sa réponse.
Il tourna son torse vers elle pour la regarder en face. Elle avait au moins le mérite de ne pas être trop désagréable à regarder. « C’est marrant j’aurais cru que quand on vivait des pourboires des clients, on essayait d’être au minimum compétent ». Ce pays refusait toujours d’assurer un salaire minimum aux serveurs et laissait donc à la merci du caractère instable de clients irrespectueux. Et Maxwell était de ceux qui trouvaient ça tout à fait normal. C’était une bonne motivation au travail non ? Visiblement, pas pour celle-ci. Il était par contre toujours curieux de savoir pourquoi elle avait décidé de s’inviter dans son monde comme ça, sans même prévenir. « Et est-ce que je peux savoir d’où tu t’invites ? T’as décidé d’attirer des emmerdes au gars qui signe ton cheque ? » Il se fit d’ailleurs la réflexion qu’il était bien content de ne pas avoir à gérer ce genre d’endroits. Si tous les serveurs étaient aussi idiots, tenir un business à flot devait relever de l’exploit. Maxwell n’était pas particulièrement agréable, il ne l’était jamais. Mais, il aurait pu être bien pire dans sa réponse. Une partie de lui appréciait cette insolence adolescente qui s’étalait face à lui et la curiosité faisait qu’il attendait presque le prochain tour de cette joute verbale. Turing lui ne bougeait pas, observant le spectacle et son maitre se détourna de l’intruse pour faire glisser le bol d’eau vers son chien. Il n’allait pas laisser la pauvre bête mourir de soif parce que l’autre-là avait décidée de l’emmerder. L’animal put enfin apaiser sa soif et Maxwell continua son geste en passant sa main sur la tête de son animal avec dans le regard plus de tendresse qu’il n’en n’aurait jamais pour le moindre être humain.
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" C'est que j'ai à faire à un véritable comique en plus. Je suis sur mon lieu de travail et il est l'heure de prendre ma pause, alors oui, je m'installe à la table à côté de la vôtre, je m'en voudrais de vous prendre un peu trop d'espace vital, à vous et votre chien. "
Mais tu n'en disais pas plus, tu ne faisais pas de commentaires à propos de tes compétences puisque tu n'avais nul besoin de te remettre en question à ce niveau, ni sur celui qui te signait ton chèque, même si évidemment, ça n'a jamais été le cas. Tu ne sais pas dans quel pays il vit habituellement, mais tu n'as jamais vu la couleur d'un chèque ici en Alaska. Tu connais l'expression chèque en bois, donc tu visualises de quoi il parle, parce que clairement il ne parle pas des cheks du moyen orient, mais tu ne lui feras pas l'affront de parler de ça, dès fois que cela augmente ton incompétence à ses yeux. Son avis, il peut se le mettre bien profond dans le derrière, tu penses qu'il aime ça d'ailleurs, mais tu ne t'amuseras pas à tester au delà de ce qui pourrait te faire vomir bien entendu.
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" C'est que j'ai à faire à un véritable comique en plus. Je suis sur mon lieu de travail et il est l'heure de prendre ma pause, alors oui, je m'installe à la table à côté de la vôtre, je m'en voudrais de vous prendre un peu trop d'espace vital, à vous et votre chien. "
Maxwell la fixa quelques secondes d’un air complètement neutre. Il commençait à cerner que le nœud du problème était qu’il ait préféré installé son chien sur la chaise d’en face que de la laisser à random gars numéro 14. Par contre, il ne voyait pas vraiment en quoi c’était ses affaires, ni pourquoi venir s’y mêler. Bien sûr, il pouvait émettre quelques hypothèses assez simples. Soit elle se faisait vraiment chier, soit il était l’attraction la plus intéressante de la journée, soit elle avait subi un intense traumatisme en rapport avec une chaise, soit elle avait décidé de partir en guerre avec toute personne voulant deux chaises à sa table. C’était bien évidemment un noble combat et elle pouvait ainsi aller faire le tour de tous les restaurants et bars pour lutter contre ce péril mortel si un tel sentiment d’injustice l’animait à chaque fois. Quelque soit l’explication derrière son attitude, il n’avait pas vraiment de temps à perdre avec elle. En fait, le temps n’était pas le problème puisque basiquement il était assis à un bar avec son chien. La question c’était surtout la qualité du temps passé. Cette fille n’en valait clairement pas la peine. Regarder les nuages serait sans doute plus stimulant intellectuellement parlant. Si elle avait des compétences quelconques elle serait occupée à autre chose que de chercher les embrouilles avec des clients.
Alors Maxwell haussa les épaules « Si ça t’amuses », répondit-il simplement. Peut-être vivait-elle ainsi le moment le plus épique de sa journée qu’elle raconterait tel Don Quichotte, expliquant comment elle était venu s’asseoir à côté d’un inconnu pour le punir de ne pas avoir partagé sa chaise. Un grand moment d’histoire qu’il n’allait quand même pas gâcher. Il jeta un œil au verre qui lui avait été servi, le portant à son nez pour vérifier qu’il n’était pas bouchonné. Ce n’était pas comme s’il venait de faire l’acquisition d’une bouteille de prestige, mais quitte à devoir animer la soirée de la justicière des chaises de bar, autant ne pas le faire avec un sale goût en bouche. La bouteille était bonne, c’était déjà ça de pris. Il récupéra de sa poche son téléphone et sur les quelques minutes depuis sa dernière vérification, un nouveau mail s’était déjà invité dans sa boite de réception. Son regard fut attiré par une truffe tachetée qui s’approchait discrètement du bol de salade qui trônait tristement au milieu de la table. Il ramena le bol vers lui et récupéra un morceau de poulet de la salade qui trônait au milieu de la table pour le lancer et le regarder atterrir moins d’une seconde plus tard dans la gueule de son compagnon. « Tu n’en n’auras pas plus, tu as ton repas qui t’attends à la maison ». Il rigola de nouveau quand le chien posa sa tête sur la table pour mendier avec le regard le plus triste qu’il était capable de faire pour un morceau de poulet. « On rentre bientôt t’inquiètes pas. »
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" Tiens, on dirait que ce nuage ressemble à une licorne prête à nous chier dessus. On dirait même qu'elle vise une personne en particulier, c'est dingue comme les nuages peuvent avoir une forme particulière à Juneau. "
T'en souriais, tu avais mis tes doigts en évidence pour bien calibrer le nuage, pour tenter de calculer faussement la trajectoire de ce caca papillon, ou arc en ciel selon votre version de la licorne pour que ça tombe pile poil sur la tête de ton voisin de tablée. Oui, ça avait le mérite de faire rire ceux qui étaient dans votre dos, mais en ce qui concerne les joutes verbales, tu t'en sors en général bien. Peut être que cet homme d'affaire arrogant saura trouver la bonne réplique, mais tu en doutes sérieusement, parce que de toute évidence, il n'y a pas la lumière à tous les étages, encore un défaut de naissance, décidément, il n'a pas été gâté.
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